Il y a deux pôles en moi.

Le premier : je t'aime.
Je t'aime depuis le début, je t'aime depuis que je t'ai vu, devant le Furet, je ne le savais pas, j'avais mis des barrières entre toi et moi, j'avais mis des barrières en moi. Mais dès ce soir-là, il y a neuf mois, quand dans le froid, nous avons bu une coupe sur une terrasse désertée d'Avril, je t'ai aimé.
Je t'ai aimé, ensuite le 2eme soir, quand le désir s'est emparé de moi, sous la fenêtre contre le radiateur. Je ne t'ai jamais désiré plus que ce jour-là. La suite des désirs n'a été que des désirs grandissants. Quand on a attendu, quand je t'ai fait attendre, je ne regrette pas cette attente, lorsque mon corps et le tien se sont rencontrés, je peux te dire que jamais je n'avais autant désiré de ma vie.
Je pense, depuis neuf mois, à toi
Depuis neuf mois, je te désire, comme jamais je n'ai désiré.
Ce désir ne trompe pas.
C'est toi, toi, qui fait frissonner mes pensées, ma peau.
C'est un désir unique, un désir que je ne vivrai qu'avec toi.
Tu es mon Autre.

Depuis plus d'un mois, je pense.
Je pense tellement, que je ne sais plus penser.
Mais j'aime penser.
A Saint-Malo, tu étais là, dans le Grand Bé, le Petit Bé,
dans mon regard perdu sur les vagues,
au restaurant St Pierre, avec ma mère.
Dans cette ballade en mer, tu étais là, avec moi,
dans les embruns.
Tu étais là, mon Amour.
Dans chaque minute de ma vie depuis ce vendredi-là, tu es là.
A aucun instant tu ne l'as pas été. Malgré tout.

Je t'ai fait mal,
je t'ai abîmé.
Je regrette.
Je regrette, mais j'ai su que tu étais mon Autre,
dans ce moment-là.
Je peux me souvenir de tous ces instants d'angoisse, de peur de me livrer.
Mais j'étais déjà à toi.

Quand je suis partie en Norvège,
ce moment_là,
depuis un mois passe en boucle dans ma tête.
L'expression de mon amour pour toi,
c'est à ce moment qu'elle est le plus intense.
Ta lettre.
Te quitter le 23 Juin à Lille Europe,
te retrouver le mercredi 1er à Paris.
Te voir, mon Amour,
te retrouver comme on retrouve l'air vital.
C'était ça.

Aujourd'hui, ce n'est plus l'air vital.
C'est l'air pour ne pas m'asphyxier.
Pour certains ce ne seront que des mots.
Je n'ai jamais écrit pour faire de belles paroles.


J'ai écrit pour me sauver.

Je t'écris pour nous sauver.

Il y a des choses, je l'apprends qu'on ne sait écrire.
Il y a des choses inscrites dans la peau, dans le coeur.
Le coeur n'est rien, qu'un organe.
Ce n'est pas dans mon coeur que je souffre.
C'est dans mon corps et dans mon esprit.

Je sais tes reproches,
je les accepte,
les reconnais.
Pour moi, tu n'es pas une histoire.
Tu es l'Histoire.
Celle qui est criante et qui fait mal, quand elle saigne.
Dussé-je ramper,
je ne rendrai jamais les armes qui me lient à toi.


Je veux Saint-Malo avec toi, la Norvège, les autres souvenirs.
Je veux faire l'amour avec toi, comme j'ai fait l'amour avec un désir fou depuis neuf mois.
Je n'ai jamais désiré quiquonque depuis toi,
et je me connais,
c'est toi.
Sans toi, je ne peux pas.
Sans l'amour,
je ne suis pas.

Le deuxieme pôle : c'est mon caractère.
Et la seule chose que je puisse dire,
c'est que devant, ce qui précéde,
il ne fait pas le poids.