Sous le cagnard(t), Sous le cagnard donc, Sainte Lola de Salvetat et son fidèle Panurge (trop fidèle!), trottaient péniblement sur des chemins qui les conduisaient au coeur de bien des déboires...
Panurge, que le strabisme et la fidélité à sa sainte pas si vierge, rendait encore plus bigleux, amenait Lola de Salvetat en plein coeur du Massif Central ! Ni l'un ni l'autre, ni la sainte dévergondée, ni le caprin ennamouré, n'avait perçu ce changement de relief, de climat, et n'avait encore point compris que ces plethores de monts étaient en fait des volcans...Lola de Salvetat, que ses racines inclinaient plus vers l'eau gazeuse, marchait au pays de la Volvic. Que n'aurait-elle point donné à cette heure pour une bonne gorgée de Volvic citron vert! Mais, que nenni.
Panurge et lola allaient bon train, bivouaquant à la lisière d'une forêt touffue et lugubre, point d bonne augure...
Leur route continuait, point vers Saint-Jacques, mais vers le pays tant craint du Gévaudan...
A l'époque, on l'a tu, mais déjà, les bois de la Margeride étaient le repaire de la bête qui fit parler d'elle au XIXe (en fait, c'était l'ancêtre de la bête du Gévaudan). Ce bouffon de Panurge, qui avait perdu la carte GR Michelin de la Lozère, faisait le fanfaron, mais n'en menait point large, tandis qu'il emmeneait Lola sur les confins du Mont Mouchet, repaire de ladite bête du gévaudan.
Mais pour l'heure, Lola avait mal aux dents. Mal aux dents, mal d'amour, ainsi parlait sa mère-grand. Les sentiers de la Margeride sont encore réputés pour être les plus sombres et les plus sauvages, et l'on dit que des des yeux jaunes et transperçants scrutent les fessiers des voyageurs en goguette...Panurge, marchant en éclaireur sur un lit de mousse, n'en menait à vrai dire point large, tandis qu'il marquait de ses crottins le terrain. Lola, cueillait des baies, humait l'odeur des pins, marchait dans des crottins de caprin. Quand parut la bête. La bête, tout poil hérissé, toute ardeur débridée, la bête, le loup, (oui le loup) sortit du bois, assoma Panurge et se rua, pantelant, sur Sainte Lola. La Margeride émit un grand cri que nul ne put définir. Tout ce qu'il advînt de cette histoire, ne réside dans aucun ouvrage. La tradition orale dit que Sainte Lola vit le loup, et que le loup était drôlement gros et affamé... Les registres ne font nul cas de Panurge, qui resta assomé durant trois jours. Mais, le pélerinage vers Saint-Jacques continua, et cette anecdote ne figure point dans les livres saints.